lundi 21 septembre 2009

Morale, où es-tu passée ?



        A l'école, de mon temps, nous avions, tous les jours, une leçon de morale. On la trouvait partout dans notre enseignement : dans les dictées, dans les conjugaisons, dans les récitations et, même, dans les énoncés de calcul. C'est dire si elle imprégnait nos vies de futurs citoyens. Elle s'est profondément gravée en moi et, actuellement encore, dicte mes actions quotidiennes.

       Elle nous apprenait, notamment, que les plus forts devaient aider les plus faibles et, surtout, les personnes âgées. Alors, tels des chevaliers des temps modernes, nous passions, une grande partie de nos loisirs à aider les vieilles personnes pour traverser la rue, pour porter leurs lourds cabas ou pour les assister dans beaucoup de tâches que leur âge rendait difficiles.

       Ainsi, âgé de 10 ans, j'allais, tous les quinze jours, chez Madame VELA - une dame aveugle de notre immeuble, qui vivait seule - pour rédiger la  lettre destinée à son fils, habitant loin d'elle. Je lui en lisais les réponses et le sourire qu'elle m'adressait valait tout l'or du monde. Très souvent, je lui faisais quelques courses. J'étais très heureux et très fier de rendre ces menus services.

       Mais  la morale a disparu de notre enseignement, remplacée par une instruction civique qui apprend aux enfants la durée d'un mandat de maire ou comment se déroule une élection. Elle a coupé les enfants de la vie pratique car cette "morale" conditionnait nos gestes de chaque jour, ceux  à accomplir et ceux qui étaient prohibés. Et nous nous sentions importants puisque nous étions utiles.

        Les enfants d'aujourd'hui ne se sentent pas utiles puisqu'on ne leur pas appris qu'ils étaient importants. Et pour se sentir importants, ils pensent qu'ils doivent être forts. Aussi, l'union faisant la force, ils se regroupent en bandes pour pouvoir mieux assurer leur pouvoir sur les plus faibles : enfants plus jeunes, femmes, vieillards et, même, handicapés. C'est aller à contre-courant des valeurs de la République.

        Vivement que la morale reprenne sa place à l'école pour permettre de retrouver d'autres valeurs, celles qui furent les nôtres ! On s'épargnerait bien de futurs déboires.

       Les forts d'aujourd'hui ont-ils, un instant, imaginé qu'ils seront, de toute façon, les faibles de demain ?

       Car la vie est ainsi faite : inéluctablement, on vieillit.